l'envie m'en a pris comme de pisser, en cette après-midi du 29 décembre. La fin de l'an 2017 approchant, aucune bonne résolution, une décision !
performativons : sitôt dit, sitôt fait. Ce sera en 42 épisodes également, portant le tout à 84 = 7x12
rappel des 42 premiers épisodes
Citation :
1 D'éclats-ration 2 Déclamation 3 D'une instablation 4 D'il était une foi 5 D'un examen blanc 6 D'un sinistre de la civilisation 7 De la volonté d'impuissance 8 Que l'homme ne vaut rien 9 De fèce qui me plait 10 D'un débat intérieur vu de l'extérieur 11 De questions existessentielles 12 D'une conviction du doute 13 D'un problème d'Isidore M. 14 De la déraison 15 De peurs 16 De la nécessité du débat interne 17 D'un conflit épineux 18 Le traité du tout est rien 19 De l'amour 20 De l'usine 21 D'la poule et d'z'œufs et d'le poulet 22 D'une homonymie advenue 23 De deux monologues 24 D'un dialogue 25 De Maboul supposé communiste, par Isidore 26 D'Isidore supposé misanthrope, par Maboul 27 De Maboul un courrier 28 D'Isidore une lettre 29 D'une inquiétante étrangeté 30 De l'ami retrouvé 31 De la démesure 32 De la simulation 33 Du carnaval 34 Du dimanche 35 De la pétanque 36 De la vacuité 37 De l'activité 38 De la délicatesse 39 De l'imperfection du vide 40 De la mémoire 41 Du vide parfait 42 D'un autre
Isidore indécis. Météo incertaine. Trump trompe son monde au coin d'un feu sans doute. Maboul saisi d'effroi
jeux de mots à l'appel de la forêt des songes creux français de souches qui n'accouchent qu'heureux écœurants et qu'en rang l'on ramasse à la louche
44. De l'ingénu génie
« L’artiste, le créateur, le génie… n’est que le précipité usurpé, détourné, de la créativité collective diffuse, incarné et privatisé sur une seule tête. » Pepe@dndf Dazibao
le linge est nu, la femme est belle, son génie propre fait sur elle une impression lavée à la salive lessivée qu'Isidore lèche que Maboul sèche Éros et Thanatos
La mise en tombeau d'Atala Anne-Louis Girodet 1808 d'après Atala ou les amours de deux sauvages dans le désert Chateaubriand 1801
45. De la vaisselle
« Tout le monde déteste la vaisselle » Pepe@dndf Dazibao
« Le secret du bonheur spirituel est de ne pas faire la vaisselle pour que la vaisselle soit faite mais pour faire la vaisselle. » Helen Fielding Bridget Jones, l’âge de raison
Le communisme remplace le travail par l'activité libre
Isidore à la plonge et Maboul au bistrot s'attire des grâces en passant l'éponge
Il ôte la graisse qui nage par trop en nos troubles eaux
46. Des hauteurs
« les auteur(e)s ne sont que des accidents de la pensée. » Pepe@dndf Dazibao
« Well said, old mole! » Shakespeare Hamlet Act 1 Scene 5
Maboul est inclusif, Isidore exclusif. Il s'aime d'amours et de basses besognes partagées, de transports transpirés, et du pire inspiré. En un mot, il est transgenre, traversé de remords mais sans travers de porc balancé. Il est l'auteur de sa vie commune trop humaine. Par accident de la pensée, sans incidence majeure. Minorité surgissante. Où l'on l'attend le moins qu'on puisse dire. En sol mineur il creuse. Avance-t-il si vite sous terre ? Quel digne pionnier !
47. Du gauchisme
« Le courant communisateur vit de l’écart à l’intérieur de la limite » R.S. L'écart 10 avril 2005
Isidore est adroit, Maboul gauche. Il ne fait pas de politique. Il est extra-gauchiste. Il est extrait, retiré. Il vit à l'écart, à l'extérieur de la limite. En courant. C'est extra
48. De l'identité
« C'est un chouette boulot. Le lundi brûle Millay, le mercredi Whiteman, le vendredi Faulkner, réduis-les en cendres, et puis brûle les cendres. C'est notre slogan officiel.» Ray Bradbury Fahrenheit 451 1955 Fahrenheit 451: température à laquelle le papier s'enflamme et se consume
Maboul va sans carte, Isidore de papier. Il se cherche, se découvre même en hiver, se trouve bien. Très bien. Il nage de conserve d'un bord à l'autre d'un insondable doute : qui est-il ? d'où vient-il ? où va-t-il ? Il y va, ça c'est sûr, peut-être. Il n'attend rien, ni la fin, ni le commencement d'un but. Il erre d'heure en heure, ne gère rien. Papier brûlé, cendres du temps écrit
49. Des voyages
« les voyages autour du monde, une fois qu'on les regarde de plus près, ne valent pas beaucoup plus qu'une promenage au Prater. » Thomas Bernhard : Les Mange-pas-cher, 1980, trad. Claude Porcell 2005 [Nota : À Vienne, le Prater est une sorte de parc d'attractions]
« Ils sont le sel de la Diversité. Ils ont dépassé les limites et les frontières, ils mélangent les langages, ils déménagent les langues, ils transbahutent, ils tombent dans la folie du monde, on les refoule et les exclut de la puissance du Territoire mais, ils sont la terre elle-même, ils vont au-devant de nous, ils voient, loin devant, ce point fixe qu'il faudra dépasser une fois encore.» Édouard Glissant Tout-monde 1995
« heureux qui communie statif en sous-terrien, rongé des vers et composté de ligne en ligne et de fronts affrontés ici et maintenant comme en étant ailleurs, là-bas, plus loin, que l'on veut sans le voir, que l'on sent sans savoir... » Ainsi parlait Maboul Isidore, le soir l'oreille au mur collée, comme puni d'être complice d'on ne sait quoi, peut-être d'être ensemble comme les deux doigts de la main, mais d'un autre, ou d'une autre qui sait, car va savoir de quelle voyageuse il rêve dans son lit, dans son délit, dans son délire nu et de son désir lu, comme un vers et retour à la case départ, heureux qui...
50. Des poèmes
C'est encore un homme, au bout du compte, ce vieux maboul que j'entends ronchonner en s'en allant. Georges DarienBiribi, discipline militaire 1890 Biribi est un terme informel qui désigne, non un lieu réel, mais un ensemble de compagnies de discipline et d'établissements pénitentiaires qui étaient stationnés en Afrique du Nord maboul : de l’arabe مهبول, mahboul, fou, stupide
Ici dort à l’abri des orages du monde Celui qui fut longtemps jouet de leur fureur. Des forêts il chercha la retraite profonde, Et la mélancolie habita dans son cœur. Chateaubriand Les Tombeaux champêtres 1796
comme on en chie lui écrit, par discipline, des poèmes, maboul alors qu'ici dort son ombre tout en l'air, de rien. De rien il écrit sur un air de s'en foutre comme de l'an 2017, sans compter sur ses doigts les semelles sur terre et les mains dans les poches crevées de sa canadienne, par dessus tout des mots qu'il laisse dire ce qu'en veulent entendre, ou pas, les lecteur.e.s, ces accidents des livres, dans les pensées de Maboul Isidore
51. De la gaieté
Il va falloir attendre troploin 2002
Maboul est gai, mais d'une gaieté enragée. Isidore son pasteur. Maboul est pasteurisé mais pas aseptisé. Il est certes contagieux, porteur sain d'agent pathogènes mais pas trop gênants, car sa rage, transmissible à long terme, est dégagée de toute obligation. Nul n'est obligé de le suivre, et qui s'y risque le met en rage. C'est ainsi sans fin, il n'y a rien à attendre. Isidore prend son mâle en patience, ange gardien d'un démon de minuit
Sujet: Re: MABOUL ISIDORE, roman-feuilleton, tome 2 Sam 30 Déc 2017 - 23:44
52. Du bonheur
Qui a le goût de l’absolu renonce par là même à tout bonheur. Aragon Aurélien 1944
si le bonheur était le contraire du malheur, Maboul serait heureux, Isidore non. À vrai dire il s'en fout, n'y pense pas, sa vie vient sa vie va comme ça. Maboul est plus vivace et sans couci-couça. Plus absolu. Plus dissolu aussi. Isidore est irrésolu, solution continue, sans rêve de révolution. Maboul est sans trêve, taraudé, trépané pas très net, fêlé follet courant furet du bois, mesdames. Il repassera par là, les pieds dans les plats, épié à la tête par Pepe le Mokreu et Roland le Preux, l'avant-garde à ses basques. Mais dort, Maboul, Isidore veille
53. De l'écriture
Est un âne de nature Qui ne sait lire son écriture proverbe français
Maboul est lectureur, Isidore écriteur. Il laisse aux écrivains le soin de vendre des livres. Qu'il volera. Et revendra ? Non. Il en fera des palimpsestes en l'honneur des moines copistes du futur, l'avenir de la femme enfin dévoilé, un nouveau genre littéraire, inclusif exclusif, lettres où le néant s'abolira sans crise de nerfs. Bref, la faim d'un monde sans fin, par ses célibataires même. gRosse est la vie
Marcel Duchamp, Le Grand Verre, 1915-1923
54. De la peinture
Quand j'entends le mot culture, je sors mon revolver. Wenn ich Kultur höre… entsichere ich meinen Browning Hanns Johst Schlageter 1933
Maboul : - la peinture, c'est comme la confiture, il faut bien qu'on l'étale Isidore : - au besoin avec un pistolet Maboul : - mais pourquoi tant de tolérance ?! Isidore : - il y a des maisons pour ça Maboul : - ce n'est pas mon genre Isidole : - tu es bon pour l'asile Maboul : - nous sommes alliés nés Isidore : - asphyxiante culture !
1968
55. D'une incompréhension
L'intelligence est caractérisée par une incompréhension naturelle de la vie. Henri Bergson L'évolution créatrice 1907
Il faut être trois pour apprécier une bonne histoire : un pour la raconter bien, un pour la goûter et un pour ne pas la comprendre. Car le plaisir des deux premiers est doublé par l'incompréhension du troisième. Alphonse Allais
Isidore parfois ne comprend pas Maboul. Il ne comprend pas qu'il n'est pas à comprendre, qu'il est comme la vie. Elle est un peu maboule, la vie, elle a le droit à la folie. On n'en a pas raison, de la vie, il n'y a pas de théorie pour ça. La poésie ? Peut-être. Va savoir. Maboul ne cherche pas à comprendre, il vit. D'un rien. De l'air du temps, qui passe. De la pollution de l'air, adéquat à son temps qui repasse les plats. Maboul est un impur, de ces impurs esprits qui troublent l’univers. Le réel est impur, l'impur est pur, s'il est fidèle à son excès. L'excès est vérité, la vérité est excessive et le réel fait peur. Qu'un sang impur coule en nos réveillons ! Avant l'heure, buvons. Maboul remplit alors la coupe d'Isidore, et lui dit : « Prenez et buvez-en tousses, car ceci est incompréhensible ». Maboul n'aura aucun disciple, Isidore pas d'enfants
56. De l'intrigue
Dans le vaste champ de l'intrigue, il faut savoir tout cultiver, jusqu'à la vanité d'un sot. Beaumarchais Le Mariage de Figaro 1778
Les monomaniaques de tout poil, les gens qui sont possédés par une seule idée m’ont toujours spécialement intrigué, car plus un esprit se limite, plus il touche par ailleurs à l’infini. Stefan Zweig Le Joueur d’échecs 1943
le roman avançait et reculait la compréhension. Isidore dit à Maboul : « Quand j'avance tu recules, comment veux-tu, comment veux-tu que je percute ? » L'histoire est une intrigue menée par des intrigants. Les hommes ont toujours été et seront toujours en politique les dupes naïves des autres et d'eux-mêmes, tant qu'ils n'auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses morales, religieuses, politiques et sociales, à discerner les intrigues de telles ou telles classes. Ainsi parlait Vladimir Ilitch. Maboul Isidore n'écoutait plus, qu'en lui l'écho du monde. Le monde est parfait. Ce qui est imparfait est parfait. L'histoire est à l'imparfait du futur, la vie au présent de l'imparfait, mais le roman imperfectible, car ce qui est parfait n'est pas à parfaire
57. Du temps
On va faire les choses dans l’ordre car j’entends bien être le maître des horloges. Emmanuel Macron 2017
Le temps ne passe pas deux fois ; quand il est passé, il ne passe plus. Avec le temps, va, tout s'en va. Et l'on oublie le temps...
le temps passa. Un ange. Une mouche. El Condor. Le Phénix. Alors le temps revint, le temps divin... le temps devin ? Les prophètes sont morts. La devinette est éventée, le temps réinventé. Maboul Isidore revit, au temps du vin d'ici sans au-delà. Temps des peut-être, temps des poètes, temps des tempêtes sous le vent, qu'emportent feuilles mortes et leurs couleurs du feu. Temps des prochaines fois, sans foi, ni loi. Temps des marteaux sans maître des horloges, des montres molles aiguilles dans le foin, plus loin
Van Gogh La sieste 1890
58. De la beauté
Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. − Et je l'ai trouvée amère. − Et je l'ai injuriée. Rimbaud Une saison en enfer 1873
la beauté n'est pas le genre à asseoir sur ses genoux pour lui donner des claques, puis s'enfuir dans le désert à ses affaires. La beauté en abyme ici s'abîme si l'on n'en use. Elle émerveille in Wonderland, Alice en traversée, caprice des dieux païens, calice empoisonné aux lèvres des poètes. Le siècle a 17 ans et il est trop sérieux, c'est pourquoi il est moche. La beauté accommode le laid quand il monte. Le monde n'est pas laid, c'est un palais d'horreurs pavé de bonnes intentions. La beauté est sans intention. La beauté est tension, mérite l'attention, les meilleurs soins dans les petites choses. La beauté est si simple, dit encore Isidore
59. De la cuisine
L’amour ça se cuisine tous les jours.
la cuisine est comme un jazz la poésie imprévisée. Un savoir oublier, à condition de le savoir. Et pour ça le métier, le quotidien contre l'idéologie : l'homme au foyer. Izzy dore interior, et Maboul à la pluche. Il n'a qu'un souhait avant la mort, épuiser les recettes de lapin existantes, et tenter d'inventer la merveille qu'Alice appréciera : Caroll, où es-tu ? *
Maboul vit pour manger tandis qu'Isidore dit que la vie n'est qu'un livre de cuisines, lièvre levé par Mallarmé, lapin connin à l'Apollinaire pour la pine coquine, ou bleu comme une orange un canard sauvage, bon comme un enfant, à donner au bon dieu la confession. Fusillez les connards ! Qui chasse de classe perd sa race
LAPIN AU MIEL DE LUNE
Dans le noir d'une lune épousée d'un nuage Un lapin à l'envers jouait de la tumba Et mon rêve tombant ta robe sous l'orage Ton sourire irisé attisait la rumba
Une belle de nuit ouvrait le mariage Et de nos baisers nus osant de haut en bas Nos yeux s'évanouissaient à l'orée du visage... L'avenir nous aimait. Nous ne le savions pas.
Le lapin ingénu, on l'a fait revenir Sur terre où il s'est tu, dans le césame frit Il ne nous a pas cru, cuit avant d'être free
Avec les pattes oui mais sans les Panzani. Ménage à deux... puis trois suivant en souvenir Les élans et les jours d'un plaisir infini
Le lapin et la lune sont associés dans les légendes japonaises La belle de nuit, ou "belle sous la lune", ne s'ouvre que la nuit...
La bêtise est nettement supérieure à l’intelligence car toute l’intelligence du monde ne permettra jamais de comprendre la bêtise universelle, tandis qu’un peu de bêtise suffit amplement à ne pas comprendre quoi que ce soit d’intelligent. Philippe Geluck Et vous, chat va ? L'esprit, me disait un homme d'esprit, ce n'est que la bêtise en mouvement et le génie, c'est la bêtise en fureur. Paul Valéry Tel quel 1941
Le parfait crétin est celui qui se croit plus intelligent que tous ceux qui sont aussi bêtes que lui. Pierre Dac
la bêtise est l'ennemi principal. Elle est partout. Elle envahit le monde, sans répondant. Toutes idéologies et contre-idéologies sont menacées par la bêtise. La révolution même échouera par la bêtise des révolutionnaires. Que faire ? Rien contre la bêtise, ce malheur absolu du monde
Maboul Isidore, quand il est bête, le sait, il donne sa langue au chat, mais la bêtise, qui se prend pour intelligente, voyez Pepe le Mokreu, quel boulet ! Roland le preux de son peu n'en peut plus. C'est ainsi, qui s'entoure de crétins communicateurs en subit les travers d'export. Isidore Maboul prie dans la solitude, gardien, au fond, du but
61. De la transparence
C’est par transparence que l’on découvre des éléments de sa propre vie, et que l’on apprend sur soi. Wajdi Mouawad
démocratie et transparence ont tant fait de progrès qu'à leurs travers on ne voit rien
On nous bâtit prisons de verre Mais où sont maisons de maçons Vous ne verrez rien à travers Et ne taisons point maudissons
il n'empêche, Maboul Isidore est un grand transparent, un grand verre à travers quoi l'on prend du champ, pour voir : d'où il parle, ce que monde lui dit et ce qu'il dit du monde. De là à se prendre pour un "frère voyant", élu art
voyez, chère lectorant.e, l'opacité de toute adversité sur le terrain de la critique : d'où viennent-ils, d'où parlent-ils ??? Ils s'ignorent, parlent en sourds d'eux-mêmes, mais savent, par exemple, qui est un "petit-bourgeois", sauf eux : leur mère-poule n'a pas fait l'œuf, mais le poulet, qu'ils sont, en flics de la pensée. La pensée ? Quelle pensée ? D'où vient penser à qui l'extériorise ?
Maboul Isidore ne sait pas penser sans écrire, il n'est pas un scribrouillard à la Pepe le Mokreu pour qui « les auteur(e)s ne sont que des accidents de la pensée. » Il ne pense pas par accident, il ne sait pas penser sans l'écrire, il se transperce en écrivant, et c'est ainsi qu'il devient, dans le regard des autres, littéralement trans-parent, dans la transe apparue de ce qu'il est : des autres
en attendant la fin, pissez, moines copisses, à côté du violon
et que la poésie vous emmerde ! Marcel Duchamp Fontaine 1917/1963
Sujet: Re: MABOUL ISIDORE, roman-feuilleton, tome 2 Dim 31 Déc 2017 - 17:24
62. De la surprise
La surprise est l'épreuve du vrai courage. Aristote
La constance d'une habitude est d'ordinaire en rapport avec son absurdité. Marcel Proust La prisonnière
Celui qui ne peut plus éprouver ni étonnement ni surprise est pour ainsi dire mort : ses yeux sont éteints. Albert Einstein
L’habitude est une grande sourdine. Samuel Beckett
d'autres vous diront qu'il y a les bonnes et les mauvaises habitudes, les bonnes et mauvaises surprises. Tss...
se remuer pour muer, non pourrir pour mourir
chaque malheur, chaque bonheur, chaque mot, chaque phrase, chaque épisode doit être une surprise à remuer. Aucun répit à la lecteure. La vraie vie est attention à la surprise. Le savoir-vivre est un savoir penser qui se laisse surprendre, contre toute habitude, langage t'engage ou crève
ainsi pensait Maboul, cet habituel surpris d'Isidore
63. De la paresse
L'ennui est entré dans le monde par la paresse. La Bruyère Les Caractères 1688
La position allongée n’était pour Ilia Ilitch ni nécessaire, comme pour un malade ou pour un homme qui veut dormir, ni accidentelle, comme pour une personne fatiguée, ni voluptueuse comme chez le fainéant ; c’était son état normal. Ivan Gontcharov Oblomov 1859
Suffit-il donc que tu paraisses. Aragon Le Roman inachevé 1956
Isidore est paresseux, Maboul suractif. Dialectique d'un conflit intérieur indépassable, le droit à la paresse n'abolira jamais le travail. Ne rien faire le fatigue sans repos. Les heures passent, les années tournent, et lui en rond de tire-au-flanc. Le ménage attendra. Tuer poussière retourne la poussière. Le temps passe l'aspirateur de son désir de rien. Il relit 18. Le traité du tout est rien : « Un rien qui vous occupe est tout. Tout n'est rien dont on s'occupe. Rien n'existe si l'on s'en n'occupe. L'humanité se scinde en deux catégories, ceux que tout préoccupe s'occupant de rien, ceux occupés d'un rien occultant le tout. Suffit d'un rien, d'eux tout s'occupe. Tout est rien. » Ah que voilà un traité de dialectique indépassable en ce jour d'entre-deux où le passé efface l'avenir en passant le plumeau sur l'année poussiéreuse. Bilan, qu'ils disent, ce qui met Maboul en colère encore, contre Isidore : « Suffit-il donc que tu paresses ? », un litige intérieur inachevé
64. D'une recette
exceptionnellement à l'occasion du réveillon, Maboul Isidore fait la cuisine ensemble. Il présentera cette extraordinaire recette au concours de Miss France 2018, en tant qu'homme de ménage transgenre libéré, en hommage à Genefief de Fontenay-sous-Bois, en attendant que le ciel lui tombe sur la tête. Il faut dire que, dépourvu d'aucune imagination, il n'a fait qu'adapter un classique de la cuisine française traditionnelle
bon appétit !
65. Du sérieux
Il faut jouer pour devenir sérieux. Aristote
Un homme sérieux a peu d'idées. Un homme à idées n'est jamais sérieux. Paul Valéry Est sérieux celui qui croit à ce qu'il fait croire aux autres. Milan Kundera Jacques et son maître 1998
un peu de sérieux, se dit Isidore à Maboul, inutile de rigoler, le ciel ne va pas me tomber sur la tête. Les gauloiseries souchiennes n'empêcheront pas la langue française de comporter plus de mots arabes que de gaulois. Que faire, dépourvu d'alcool الكحول al-kuḥūl, d'alcôve القبة al-qubba, d'azur لازورد lāzaward, de banane بنان bènène, de bedaine بدانة badāna, de flouze فلس fric, ainsi de suite et jusqu'à zob زبّ zubb ? Pas bézef بزاف bizzāf, dit Maboul مهبول
il y en aurait plus de 500 comme ça, contre à peine une centaine pour le gaulois, et franchement, la boue, le bouc, la bouse, les cailloux, la morve, la Vendée et jusqu'à la souche française, qu'est-ce qu'on en a à foutre (du romain futuere copuler) ?
bref, soyons sérieux, dit Maboul Isidore en balançant son port de tête altier à la face bouc émissaire du réseau social d'avant la fin du monde
Sujet: Re: MABOUL ISIDORE, roman-feuilleton, tome 2 Mar 2 Jan 2018 - 23:25
66. Du nouvel âne
Avanti Gennaio Premeir 1916
« Odio il capodanno, littéralement : Odieuse tête de mule !, subtile allusion antipapiste à la nouvelle d'Alphonse Baudet, La mule du pape, à laquelle n'ont rien capté les gramscistes gramophonistes, qui ânonnent chaque 31 décembre « Je hais le nouvel an »
si l'année commence le 2 janvier, le réveillon est aboli, et le peuple épargné de la gueule de bois fait des économies incommensurables. Il peut alors profiter des soldes pour acheter des armes et faire la révolution
Maboul Isidore se demande toutefois si cette histoire de mule est bien marxienne, et son doute s'accroît quand il découvre, horrifié, que Marx était libre-échangiste et prenait sa femme Jenny pour une mule ordinaire :
La substitution de la mule-jenny automatique à la mule-jenny ordinaire a eu pour effet de congédier la plupart des fileurs et de garder des enfants et des adolescents. Karl Marx, Discours sur le libre-échange, 1848
cette bonne Jenny eût mieux fait de filer à l'anglaise, ou comme disent les Anglais, to take French leave, prendre congé à la française
Autant en emporte ly vens. François Villon Ballade en vieil langage françois
C'est un grand art que de vendre du vent Baltasar Gracian
depuis qu'Isidore Maboul a découvert les grandes inventions de l'humanité, il rêve d'être un grand inoventeur : il veut trouver le moyen de produire du vent, d'être dans le vent
dans le vent du changement il sera auto-entrepreneur, mais attention, son vent ne sera pas à vendre comme du Macron : son vend ne sera pas une marchandise, ni un produit, mais une activité, une activité divine comme savaient les anciens. Maboul Isidore sera le nouvel Éole, dieu du vent, le vent de la révolution
68. De la tempête
L'enfer est vide, tous les démons sont ici. Shakespeare, La tempête, 1611
Cervantes a écrit:
Du beau succès que le valeureux don Quichotte dans l'épouvantable et inimaginable aventure des moulins à vent, avec d'autres événements dignes d'heureuse souvenance.
En ce moment ils découvrirent trente ou quarante moulins à vent qu'il y a dans cette plaine, et, dès que don Quichotte les vit, il dit à son écuyer : — La fortune conduit nos affaires mieux que ne pourrait y réussir notre désir même. Regarde, ami Sancho ; voilà devant nous au moins trente démesurés géants, auxquels je pense livrer bataille et ôter la vie à tous tant qu'ils sont. Avec leurs dépouilles nous commencerons à nous enrichir ; car c'est prise de bonne guerre, et c'est grandement servir Dieu que de faire disparaître si mauvaise engeance de la face de la terre. — Quels géants ? demanda Sancho Panza. — Ceux que tu vois là-bas, lui répondit son maître, avec leurs grands bras, car il y en a qui les ont de presque deux lieues de long. — Prenez donc garde, répliqua Sancho, ce que nous voyons là-bas ne sont pas des géants, mais des moulins à vent et ce qui paraît leurs bras, ce sont leurs ailes, lesquelles, tournées par le vent, font tourner à leur tour la meule du moulin. — On voit bien, répondit don Quichotte, que tu n'es pas expert en fait d'aventures : ce sont des géants, te dis-je et, si tu as peur, ôte-toi de là et va te mettre en oraison pendant que je leur livrerai une inégale et terrible bataille. En parlant ainsi, il donna de l'éperon à son cheval Rossinante, sans prendre garde aux avis de son écuyer Sancho, qui lui criait qu'à coup sûr c'était des moulins à vent et non des géants qu'il allait attaquer. Pour lui, il s'était si bien mis dans la tête que c'était des géants que non seulement il n'entendait point les cris de son écuyer Sancho, mais qu'il ne parvenait pas, même en approchant tout près, à reconnaître la vérité. Au contraire, et tout en courant, il disait à grands cris : —Ne fuyez pas lâches et viles créatures, c'est un seul chevalier qui vous attaque ! Un peu de vent s'étant alors levé, les grandes ailes de ces moulins commencèrent à se mouvoir, ce que voyant don Quichotte, il s'écria : — Quand même vous remueriez plus de bras que le géant de Briarée : vous allez me le payer. En disant ces mots, il se recommanda du profond de son cœur à sa dame Dulcinée, la priant de le secourir en un tel péril ; puis, bien couvert de son écu, et la lance en arrêt, il se précipita au plus grand galop de Rossinante, contre le premier moulin qui était devant lui ; mais au moment où il perçait l'aile d'un grand coup de lance, le vent la chassa avec une telle furie qu'elle mit la lance en pièces et qu'elle emporta après elle le cheval et le chevalier, qui s'en alla rouler un bon dans la poussière en fort mauvais état. Sancho Panza accourut à son secours de tout le trot de son âne et trouva en arrivant près de lui qu'il ne pouvait plus remuer tant le coup et la chute avaient été rudes. — Miséricorde ! s'écria Sancho ; n'avais-je pas bien dit à Votre Grâce qu'elle prît garde à ce qu'elle faisait, que ce n'était pas autre chose que des moulins à vent ? — Paix, paix ! ami Sancho, répondit Don Quichotte, les choses de la guerre sont plus que d'autres sujettes à des chances continuelles ; d'autant plus que je pense, que ce sage Freston, qui m'a volé les livres et mon cabinet, a changé ces géants en moulins pour m'enlever la gloire de les vaincre : tant est grande l'inimitié qu'il me porte ! Mais, en fin de compte son art maudit ne prévaudra pas contre la bonté de mon épée. — Dieu le veuille, comme il le peut, répondit Sancho Panza ; et il aida son maître à remonter sur Rossinante qui avait les épaules à demi déboîtées.
Les moulins à vent chapitre VIII
Je ne crois pas au changement climatique. Ça a toujours été comme ça, le temps change, il y a des tempêtes, de la pluie, et des belles journées. Donald Trump MSNBC 30 novembre 2016
c'est alors qu'une formidable tempête se déclencha, mais Éole-Maboul n'y était pour rien, ce qu'il déplora. Il en voulait aux éléments de se déchaîner, aux événements de s'enchaîner, aux éoliennes de tomber, à Carmen de biaiser... sans qu'on lui demandât son avis. - Les hommes font aujourd'hui l'histoire dans des conditions impossibles ! s'écria-t-il. Isidore enchérit : - C'était mieux avant : si Don Quichotte était vivant, il n'y a aurait pas ces foutues éoliennes, et si Shakespeare n'était pas mort, les tempêtes ne seraient que théâtrales
Fuck la réalité ! entonna-t-il tous ensemble
Les amoureux, les fous et les poètes ont des cerveaux brouillons, des fantaisies visionnaires qui perçoivent ce que la froide raison ne pourra jamais comprendre. William Shakespeare La Tempête, songe d'une nuit d'été
Il me semble que TC en a définitivement terminé avec le rôle fondamentalement révolutionnaire du prolétariat. Et ce depuis TC 2 [Janvier 1979] quasiment. Pepe@dndf/TC, 28 décembre 2017
- Ah si seulement j'étions prolétaire, se disiont Maboul Isidore en son force intérieure. Je serions la classe du vent de la révolution bien que n'ayant nulle envie de souffler. J'attendrions l'intellectuel éclairé qui du haut de sa classe moyenne m'espiqueriont que celle-ci est contre-révolutionnaire sauf lui, que les antiracistes et les écologistes ne sont que bobos gauchistes, bref, qu'il ne faut pas que leur race secondarise le genre
BL TC a écrit:
Genre et classe sont essentiellement liés, les races non, et cela nous devons l’affirmer de façon très nette voire, polémique parce que l’intégration de l’abolition des genres comme élément inséparable de l’abolition des classes dans la communisation est dévalué, secondarisé par la mise de question des races au niveau de celle du genre. BL, Théorie Communiste, Utéruse vs Mélanine 2012
... et pire ne l'anulle, car Maboul Isidore appréciait à sa juste valeur d'usage (r)usée et de nul échange, le style BL-communisateur, et pas une seconde à secondariser il ne songeait. Il voulait rester dans et souffler le vent, du genre et de la classe. Il n'était pas des franchouillards unis sur le front de la tempête idéologique française facho-gauchiste : "Cacher cette race que je ne saurais voir", genre causeur dans lequel il adorait Le moine bleu, franco de porc auto-balancé
mais voilà, Maboul Isidore, bien que de souche, n'était pas prolétaire, et se disiont qu'à ce conte-là, communisateur, il n'était bon qu'à être prolétardiser par le vrai prolétariat qui n'a que son capital à perdre dans la crise. Et de se lamenter : - je ne serions jamais révolutionnaire que par prédélection du prolétariat, comme les exceptionnels théoriciens communistes de la classe moyenne contre-révolutionnaire
c'est ainsi qu'en ce temps las Trump trumpétait, que Maboul tempêtait, et qu'Isidore tempérait : - OSEF, on s'en fout, Comerad et Pâques raides, keep cool, autant en emporte le vent
Sujet: Re: MABOUL ISIDORE, roman-feuilleton, tome 2 Jeu 4 Jan 2018 - 21:47
70. De l'événement capital
L'homme est malmené non pas tant par les événements que, surtout, par ce qu'il pense des événements. Montaigne Essais
Les événements effacent les événements ; inscriptions gravées sur d'autres inscriptions, ils font des pages de l'histoire des palimpsestes. Chateaubriand Mémoires d'outre-tombe
Expliquer les événements à reculons. Nous sommes les singes de l'avenir. Elsa Triolet Le grand jamais 1965
il ne se passe rien dans la vie de Maboul Isidore qui mérite de le considérer comme un événement. Tout y est calme et banalité, bien qu'en désordre ménagé : courses, cuisine, vaisselle, boulot domestique, dodo sans métro ni trop peu
mais dehors, tout est pour lui événement mondial, toute la vie qu'il a sous les yeux dans les conditions de la production médiatique s'annonce comme une immense accumulation d'événements. Plus il les observe, plus il n'y comprend rien, mais il est content qu'il se passe toujours, tous les jours, quelque chose
tout événement lui est avènement qu'il chante en chœur désarmé rouge, entre l'espoir et le désert de son quotidien répété, tuant le temps à coup de tempêtes dans le verre d'eau de son cerveau lent, en attendant que le vent tombe et que les moulins de l'histoire se mettent à tourner dans le bon sens, aiguilles dans le foin, chameau par le chas
en attendant il donne sa langue au chat du grand peut-être
assemblée de communisateurs chantant l'avènement du prolétariat révolutionnaire (cette vidéo a été tournée pendant l'insurrection qui vient, par le Moine bleu)
71. D'un non-événement
La mort n'est pas un événement de la vie. On ne vit pas la mort. Ludwig Wittgenstein Tractatus logico-philosophicus 1918 Pourquoi ce non-événement a-t-il généré une réaction si importante et si confuse ? www.gnu.org
Quel est le non-événement de l'année 2017 qui vous a le plus marqué ? sondage imaginaire
toute l'histoire de la société de nos jours est celle de non-événements. Mais...
- Qu'est-ce qu'un non-événement ? se demande Maboul à Isidore - ça dépend, se lui répond-il - De quoi ? - ça dépend pour qui - Donne-moi un exemple - tout événement pour l'un n'en est pas un pour l'autre, si bien que tout événement est aussi un non-événement, et réciproquement - Donne-moi un exemple - la mort - Il y a des morts qui comptent beaucoup et d'autres très pas ? - ça dépend pour qui - Mais quand tu seras mort, Isidore, ça comptera pour moi - pour moi non plus - Je ne suis pas Maboul - moi non plus - Je est un autre - moi aussi - C'est un non-événement ? - ça dépend - De quoi ? -
72. De l'opinion
Peu d'êtres sont capables d'exprimer une opinion différente des préjugés de leur milieu. La plupart des êtres sont mêmes incapables d'arriver à formuler de telles opinions. Albert Einstein L'opinion dans son essence est volonté de majorité, et parle déjà au nom d'une majorité. Gilles Deleuze Qu'est-ce que la philosophie ? 1991
- As-tu une opinion, Isidore ? - ça dépend, Maboul - De quoi ? - ça dépend sur quoi - Tu as une opinion sur tout ? - oui, surtout une opinion - Ça dépend pas, alors - si, de toi - Tu as sur tout une opinion qui dépend de moi ? - oui et non - Est-ce une certitude ? - peut-être - Tu ne te prononces pas ? - pas dans un sondage d'opinion - Tu me laisses sondeur
73. Du non sens
wikipédia a écrit:
Le non-sens de la langue française se situerait d'avantage dans le domaine de la logique en signifiant une absence de sens logique alors que le nonsense anglais a une connotation plus ludique et plus large et peut également signifier bêtise, sottise, imbécilité, enfantillage, correspondant mieux à l'idée d'humour absurde
La plupart des propositions et des questions qui ont été écrites touchant les matières philosophiques ne sont pas fausses, mais sont dépourvues de sens. Nous ne pouvons donc en aucune façon répondre à de telles questions, mais seulement établir leur non-sens. Ludwig Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus, 1921
À travers des séries de paradoxes antiques et modernes, ce livre cherche à déterminer le statut du sens et du non-sens, et d’abord leur lieu. Où se passe exactement ce qu’on appelle un « événement » ? Gilles Deleuze, Logique du sens, 1969
Pour quelle raison mystérieuse et inconnue tout ce qui ne veut rien dire s'obstine-t-il à le dire opiniâtrement et mordicusement ? Pierre Dac
pour Isidore, les pensées de Maboul étaient insensées, mais lui n'en avait cure de désintoxication. Il savait qu'il n'avait pas raison, mais peu lui chalait sur la montagne de ses songes. Isidore n'était pour ce scribrouillard déstructuré qu'un rationaliste invertébré qui voyait un sens à tout ce qui n'en avait pas, et lui le non-sens de ses opinions. Isidore Maboul était un oxymore vivant
Sujet: Re: MABOUL ISIDORE, roman-feuilleton, tome 2 Ven 5 Jan 2018 - 16:39
74. Du jour au lendemain
Car il peut être observé que dans toutes les religions polythéistes, parmi les sauvages comme dans les âges les plus reculés de l'Antiquité, ce sont seulement les événements irréguliers de la nature qui sont attribués au pouvoir de leurs dieux. Les feux brûlent, les corps lourds descendent et les substances les plus légères volent par la nécessité de leur propre nature ; on n'envisage jamais de recourir à la « main invisible de Jupiter » dans ces circonstances. Mais le tonnerre et les éclairs, la tempête et le soleil, ces événements plus irréguliers sont attribués à sa colère. Adam Smith History of Astronomy 1755
le macron ou parsec est la distance à partir de laquelle on verrait la distance terre-soleil sous un angle d'une seconde d'arc.
le lendemain, tout de la veille fut oublié, englouti dans l'absence de mémoire d'Isidore Maboul. Tous les événements des jours, des années, des siècles précédents depuis Adam avaient été effacés de son disque mou par « la main invisible de Jupiter » qui écrirait la révolution
en même temps, le monde allait pouvoir repartir de zéro
Non! Rien de rien Non ! Je ne regrette rien C'est payé, balayé, oublié Je me fous du passé !
Avec mes souvenirs J'ai allumé le feu Mes chagrins, mes plaisirs Je n'ai plus besoin d'eux !
Balayés les amours Avec leurs trémolos Balayés pour toujours Je repars à zéro
75. De l'homme nouveau
ayant traversé les genres, réalisé le rêve du poète, la femme avenir de homme, Maboul.e Isidor.e se sentit enfin inclus.e. Il.le serait une exclusivité : un.e homme nouve.lle.au. En un mot :
76. Du communisme
ainsi remis.e en selle sur son nouveau cycle de lutte, Maboulisidor.e redéfinit le communisme comme mouvement de son dépassement produisant sa propre énergie. La roue de l'histoire tourne enfin dans le bon sens des aiguilles dans le foin
alors surgit une association où le libre développement* de chacun est la condition du libre épanouissement de toussétoutes * Le développement est la distance que parcourt le vélo pour un tour complet du pédalier
les contre-révolutionnaires de la classe moyenne sont quotidiennement rafraîchis par l'amour véloruptionnaire
de prodigieuses inoventions voient le jour et la nuit
grâce au vélo, le genre et la race sont abolies
la véloruption du nouvelo marque la fin de la préhistoire inhumaine
77. De l'art véloruptionnaire
en même temps que sont détruites les formes révolues de la vie capitalisée, éclot un nouvel art véloruptionnaire
tant et si bien que les vieux marxistes ne savent plus où donner de l'athlète
dans cette situation pleine d'incertitude théorique, Maboul Isidore est écartelé sur le parti à prendre
Sujet: Re: MABOUL ISIDORE, roman-feuilleton, tome 2 Ven 5 Jan 2018 - 23:05
78. Du parti
Maboul Isidore n'en avait rien à cirer, du parti. C'est au présent qu'il parlait de véloruption. Il envoya donc une circulaire anonyme au camarades de la France* d'avant et d'après le présent * il l'eût bien envoyée au monde entier, mais il était nul en langues étrangères, et toutes n'avaient pas été abolies
il avait bien l'honneur, chez lui, dans ce livre, à cette place, de dire que, très consciemment, il conchiait l'idéologie française dans sa totalité, y compris la cinquième colonne des camarades qu'il avait connu.e.s, naguère, dans les camps de pionniers (et pionnières)
pique-nique de soutien à campagne de JL. Mélenchon à Mantes-la-Jolie
il s'en foutait aujourd'hui comme de sa première chemise rouge
encore que la petite blonde (d'Europe de lestes, qu'il avait rencontrée dans un soft-cause à la frontière polonaise) hantât encore ses nuits, tel le spectre du Manifeste, quand, dans sa canadienne, libre, il l'avait sautée sur sa chaise comme un cabri en disant l'Europe ! l'Europe ! l'Europe !... mais cela n'avait abouti à rien et ne signifiait plus rien. La meuf, Beate Tortuga, qu'elle s'appelait, tortue béate, autant dire la double peine, sans parler du rideau de faire
bon, inutile d'en rajouter, Les choses ne sont plus ce qu'elles étaient
79. De l'ère !
Je cherche en même temps l’éternel et l’éphémère Georges Perec, Les revenentes, 1972
Maboul Isidore préfère ne mettre tous ses "e" en le même panier de vieux mecs, et peu leur ressembler
Sujet: Re: MABOUL ISIDORE, roman-feuilleton, tome 2 Lun 8 Jan 2018 - 23:06
80. Du silence
Le silence permet de trouver son destin. Lao-Tseu Tao Te King
Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence. Euripide Fragments
Il est tranquille, il est tout quiet, il a réussi à endormir son mal. Il fait tout ce qu'il peut pour rester quiet. Jean Giono Grand troupeau 1931
quand Isidore lui glissa à l'oreille : - j'ai les boules, Maboul, celui-ci se demanda s'il ne ferait pas mieux de se taire, mais ce n'était encore qu'un de ces mauvais jeux de mots dont il était coutumier, saisissant là l'occasion du centième anniversaire de la création des Boules Quies : « Cent ans de silence “made in France” », qu'ils disaient à qui voulait bien les entendre
l'objet n'était pas tout à fait adapté à son cas, mais il n'en pouvait plus du bruit du monde : quies ! quietēs ! quietem ! quietis ! quietibus !
animus inpurus neque vigiliis neque quietibus sedari poterat cet esprit corrompu ne pouvait s'apaiser ni en veillant ni en dormant. Salluste La Conjuration de Catilina (De Catilinae coniuratione) 43 av. J.-C.
Le silence est un aveu. Euripide
qu'importe ces vieilleries, cette inovention lui paraissait tout indiquée
il piocha donc dans la boîte d'Isidore donc une boîte et retourna au lit
Le silence est l'interprète le plus éloquent de la joie. William Shakespeare Beaucoup de bruit pour rien
81. Du bruit
Tout est bruit pour qui a peur. Sophocle
Ayez surtout le souci de séparer les choses du bruit qu'elles font. Sénèque
Il faut des fêtes bruyantes aux populations, les sots aiment le bruit, et la multitude c'est les sots. Napoléon Bonaparte
Un bruit blanc est une réalisation d'un processus aléatoire dans lequel la densité spectrale de puissance est la même pour toutes les fréquences de la bande passante.
toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de médiatisation s'annonce comme une immense accumulation de bruits. Mais tous les bruits ne sont pas égaux, et les oreilles pas égales devant chaque bruit, dit Isidore. Aussi s'employait-il à discerner dans le bruit blanc du monde
Tout bruit écouté longtemps devient une voix. Victor Hugo
Isidore écoutait, Maboul dormait. Maboul ronflait dans le noir
mais il ne couvrait pas le bruit du monde. Isidore a l'ouïe fine et ne s'arrête pas aux bruits qui courent
82. De l'écho
Quand certains entendent un écho, ils s'imaginent avoir produit le son. Ernest Hemingway
Le concret, le palpable, est toujours plus accessible à la masse que l'abstrait; c'est pourquoi en politique, tout mot d'ordre exprimant un antagonisme et dirigé contre une classe, une race, une religion, trouvera toujours plus d'écho que la proclamation d'un idéal qui, lui, est moins commode à saisir. Stefan Zweig
wikipédia a écrit:
Dans les médias de la communication, une chambre d'écho, ou chambre d'écho médiatique est une description métaphorique d'une situation dans laquelle l'information, les idées, ou les croyances sont amplifiées ou renforcées par la communication et la répétition dans un système défini. Il s'agit d'une analogie avec la chambre d'écho acoustique, ou chambre réverbérante, dans laquelle les sons sont réverbérés par les murs. À l'intérieur d'une chambre d'écho médiatique, les sources ne sont généralement pas remises en question et les points de vues opposés sont censurés ou sous-représentés.
le bruit n'est rien s'il ne fait pas écho. Comment discerner dans la bruit ? À quoi donner écho ? Quels échos retenir ? De chacun selon ses besoins...
et c'est ainsi que Maboul Isidore naviguait entre silence et bruits du monde, ni perdu, ni trouvé, au gré d'échos contraires et de vents sous les voiles, entre systèmes définis opposés, dans lesquels pour rien au monde des bruits il ne se serait reconnu. Et donc il allait nu, en attendant l'écho de sa propre voix, pour échapper à sa solitude
Echo et Narcisse John William Waterhouse 1903 Huile sur Toile 109.2 x 189.2 cm Walker Art Gallery, Liverpool.
83. De la musique
La musique est une révélation plus haute que toute sagesse et toute philosophie. Ludwig van Beethoven
La musique creuse le ciel. Charles Baudelaire
La musique, c’est du bruit qui pense. Victor Hugo La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. Friedrich Nietzsche Le Crépuscule des idoles
quand à la musique, mieux vaut se taire, écouter. C'est comme la peinture. Fermez vos gueules, critiques d'art. Allez ailleurs adoucir vos mœurs
pour Isidore, tout bruit faisait musique
Il n'existe que deux sortes de musique : la bonne et la mauvaise. Duke Ellington
il n'existe pas de mauvais bruits, tout bruit fait sens, tout son est sens s'il est entendu écouté
1973
Dave Holland (bass) Sam Rivers (reeds & flute) Anthony Braxton (reeds & flute) Barry Altschul (percussions)
Sujet: Re: MABOUL ISIDORE, roman-feuilleton, tome 2 Mer 10 Jan 2018 - 12:13
84. Du rêve au réveil
Le réveil commence comme un autre rêve. Paul Valéry
Ce monde ne fait que rêver, il approche de sa fin. François Rabelais
Maboul se réveilla, ne se souvenant pas d'avoir rêver. De toute cette histoire, seul son sommeil était vrai le reste ? délire d'Isidore, ce vagabond des songes creux
wiktionnaire a écrit:
rêver : (XIIe siècle) De l’ancien français resver (« errer »), de re- et esver (« errer ») → voir desver (« divaguer »), du gallo-romain esvo (« vagabond »), du latin populaire exvagus, composé de ex et de vagus (« errant »). Il avait le sens de « délirer, radoter » et a supplanté songer dans le sens de « faire des rêves en dormant ».
Le vagabond Marcel Gromaire 1939
Tout le rêve de la démocratie est d'élever le prolétaire au niveau de bêtise du bourgeois. Le rêve est maintenant en partie accompli. Flaubert à George Sand, 1871
les 42 épisodes de Maboul Isidore tome 2
Citation :
43. D'une indécision 44. De l'ingénu génie 45. De la vaisselle 46. Des hauteurs 47. Du gauchisme 48. De l'identité 49. Des voyages 50. Des poèmes 51. De la gaieté 52. Du bonheur 53. De l'écriture 54. De la peinture 55. D'une incompréhension 56. De l'intrigue 57. Du temps 58. De la beauté 59. De la cuisine 60. De la bêtise 61. De la transparence 62. De la surprise 63. De la paresse 64. D'une recette 65. Du sérieux 66. Du nouvel âne 67. De l'inovention 68. De la tempête 69. Du prolétariat révolutionnaire 70. De l'événement capital 71. D'un non-événement 72. De l'opinion 73. Du non sens 74. Du jour au lendemain 75. De l'homme nouveau 76. Du communisme 77. De l'art véloruptionnaire 78. Du parti 79. De l'ère ! 80. Du silence 81. Du bruit 82. De l'écho 83. De la musique 84. Du rêve au réveil
1 D'éclats-ration 2 Déclamation 3 D'une instablation 4 D'il était une foi 5 D'un examen blanc 6 D'un sinistre de la civilisation 7 De la volonté d'impuissance 8 Que l'homme ne vaut rien 9 De fèce qui me plait 10 D'un débat intérieur vu de l'extérieur 11 De questions existessentielles 12 D'une conviction du doute 13 D'un problème d'Isidore M. 14 De la déraison 15 De peurs 16 De la nécessité du débat interne 17 D'un conflit épineux 18 Le traité du tout est rien 19 De l'amour 20 De l'usine 21 D'la poule et d'z'œufs et d'le poulet 22 D'une homonymie advenue 23 De deux monologues 24 D'un dialogue 25 De Maboul supposé communiste, par Isidore 26 D'Isidore supposé misanthrope, par Maboul 27 De Maboul un courrier 28 D'Isidore une lettre 29 D'une inquiétante étrangeté 30 De l'ami retrouvé 31 De la démesure 32 De la simulation 33 Du carnaval 34 Du dimanche 35 De la pétanque 36 De la vacuité 37 De l'activité 38 De la délicatesse 39 De l'imperfection du vide 40 De la mémoire 41 Du vide parfait 42 D'un autre